CHILDREN
Les Trois Coups.
Le Gâteau d'anniversaire.
Au matin.
Les Trois Coups.
HOMMAGE À JT I 2016
HOMMAGE À JT est conçu en 2016 en collaboration avec Klaus Hersche et la Compagnie Pyr'Ozié à l’occasion des célébrations que la ville de Fribourg dédie à Jean Tinguely, son grand artiste disparu vingt-cinq ans plus tôt. Le happening qui comprend des contributions de divers artistes – Massimo Furlan, François Gendre, Sophie Marilley, Ursula Palla, Denis Savary – a lieu le jour de la fête nationale suisse. Le titre fait référence à Hommage à New York, la première œuvre autodestructrice de l’histoire de l’art que Tinguely a présentée dans les jardins du MoMA de New York en 1960 et qu'il citait volontiers au nombre de ses meilleures réalisations.
À Fribourg, le 1er août 2016, le public découvre sur les Grandes Rames une construction de plus de dix mètres de haut déployée sur quatre niveaux. L’ensemble se présente comme un retable, objet religieux que Tinguely a revisité à de nombreuses reprises durant les dernières années de sa carrière. Le retable est gardé par les Superman de Massimo Furlan qui sont comme les saints de notre époque. Fermé dans un premier temps, il s’ouvre progressivement comme un calendrier de l’Avent monumental – volets latéraux, portes, fenêtres – pour dévoiler tour à tour vingt-cinq saynètes imaginées comme autant de clins d’œil à l’œuvre du génial créateur ou à la fête nationale que l'on célèbre ce jour-là.
Au crépuscule, dans la position du Penseur de Rodin, un Superman médite au sommet du retable. Aux abords de celui-ci, des détonations retentissent, inquiétantes, pendant que dans les arbres, les Étourneaux de Denis Savary – qui pépillaient autour du Cyclop de Tinguely dans la Forêt de Fontainebleau – sifflent la Ursonate de Kurt Schwitters, un artiste que Jean adorait. À la nuit tombée, une fanfare vrombit dans la foule d'une musique aussi sombre que celle qui rythmait l’enterrement national de l’artiste en 1991. Les musiciens rôdent autour du retable et amènent les spectateurs à ses pieds. Un rideau se lève. Le Tambour de François Gendre frappe les trois coups. Puis une porte claque : la tribune officielle, ornée du drapeau national, s’avance. Une autre porte claque : en bleus de travail, un Jean Tinguely de théâtre et plusieurs politiciens fribourgeois et bâlois – l’autre ville chère au cœur de l’artiste – apparaissent. Ils reprennent un discours que l’artiste a prononcé près de trente ans plus tôt, un 1er août pour la fête nationale aussi. Le texte – qui parle de réfugiés, de bétonnage du territoire ou de droits des femmes – n’a pas pris une ride. Perchée au-dessus des orateurs, dans une alcôve, une secrétaire aux jambes infinies, pareille à celle que Tinguely voulait engager dans son antimusée, le Torpedo Institut, passe son temps à se vernir les ongles et à téléphoner. En-dessous, au rez, un enfant pâtissier décore un gâteau d’anniversaire. À gauche, la Méta Maleschwyz, hybride entre le symbole national suisse et les œuvres de Malevitch – autre artiste que Tinguely vénérait – tourne lentement sur son axe. À droite, Flowers, nature morte d'Ursula Palla, explose et se désintègre sur un écran. Circulant dans les étages, le Waggis, un personnage du carnaval de Bâle, sème le trouble et incite les Superman à bouter le feu au retable à coups de dynamite. Des balles multicolores sont éjectées de la construction. Les pots de géraniums qui en décorent la façade chutent et se fracassent au sol. Des ballons remplis d’hydrogène explosent. Un frigo rempli de plumes explose. Un lance-flammes déchire la nuit. Des feux d’artifice déchirent la nuit. Une guillotine s’abat, hache des cervelas. Une armoire bourrée d’assiettes bascule : la vaisselle, précipitée dans le vide, manque d’assommer un Superman. La Fontaine de Duchamp, urinoir branché sur la lance des pompiers, arrose généreusement la foule que Saint Nicolas bénit au passage. Dans un court instant de répit, Helvétia – Sophie Marilley – apparaît au sommet du retable : drapée dans une longue robe, la tête ceinte de lauriers, tenant une lance à la main, elle entonne l’hymne national que le public reprend en chœur. À peine le chant achevé, un sexe géant qui rappelle la Vittoria de Tinguely se dresse vers le ciel et éjacule des feux d’artifice. Trois étages plus bas, le pâtissier allume les bougies du gâteau d’anniversaire. Maladresse ? Acte délibéré ? Les bougies embrasent le retable qui se transforme en un gigantesque feu du 1er août et se consume jusqu’à l’aube.
Au matin, sur le lieu de la fête comme à New York en 1960, il ne reste de l'Hommage à JT qu’un peu de ferraille tordue et qu'un amas de cendres.
HOMMAGE À JT a été créé en collaboration avec Klaus Hersche et la Compagnie Pyr'Ozié.
Avec des contributions artistiques de : Massimo Furlan – Superman ; François Gendre – Tambour ; Sophie Marilley – Helvétia ; Ursula Palla – Flowers ; Denis Savary – Étourneaux.
Avec la participation, pour le discours, de : Marc Fahrni, syndic de La Verrerie, Marie Garnier, Présidente du Conseil d'État du canton de Fribourg, Thierry Steiert, Syndic de Fribourg, Hans-Peter Wessels, Conseiller d'État du canton de Bâle Ville, Martial Wicht, Syndic de Neyruz, Jean Winiger, comédien.
Avec : Nicolas Anderfuhren, la fanfare de Norbert Clément & Geneviève Marilley, Adrien Laubscher, Pascal Macheret, Claudio di Martino, Martin Rebetez, Joséphine de Weck, Vincent Yerly.
Avec le soutien de : Ville de Fribourg, Tinguely 2016, Mivelaz Techniques Bois SA, ECAB, Fondation Saint Louis & de nombreux et précieux bénévoles.