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BABEL I 2016

 

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Si l’époque de l’épisode biblique de la Tour de Babel est lointaine, les êtres humains continuent à parler des langues multiples. On en compte plus de quatorze mille à l’échelle planétaire. En Suisse, selon l’Office fédéral de la statistique, près d’un million de personnes utilisent aujourd’hui un autre idiome que l’une des quatre langues nationales comme principal véhicule de communication. Parvenons-nous dès lors à nous comprendre ?
 

En suivant le principe du téléphone arabe, BABEL consiste à traduire successivement dans les vingt-cinq langues les plus parlées de Suisse un texte sur le multiculturalisme et multilinguisme écrit par M. Alain Berset, Conseiller fédéral et ministre de la culture. Les traductions sont confiées à des citoyens ordinaires, suisses et étrangers, vivant dans notre pays.

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Le texte d'Alain Berset

 

La Suisse, pays plurilingue au carrefour de trois grands espaces culturels européens, est un Etat singulier. Le multilinguisme et la diversité culturelle sont des caractéristiques de la Suisse. Ce sont peut-être même les caractéristiques qui la distinguent de ses pays voisins. Il n’en a pas toujours été ainsi. La situation actuelle est l’aboutissement de siècles d’engagement et de combats constants.
 

Les débuts de la Confédération sont marqués par une dominante germanophone. Au XVe siècle, notre pays commence à s’étendre vers le Sud et l’Ouest. En 1848, avec la création de l’État fédéral, l’allemand, le français et l’italien sont définies langues nationales, et en 1938, le romanche l’est à son tour. Le maintien et la promotion de la diversité linguistique et culturelle sont ainsi érigés en piliers de notre cohésion nationale. Il faut régulièrement le rappeler cependant, la diversité et le multilinguisme de la Suisse ne sont pas des acquis, ils sont régulièrement mis à rude épreuve.
 

La mixité culturelle s’est accélérée durant ces dernières décennies : les flux migratoires internationaux se sont accentués, la mondialisation a réduit l’espace et le temps, les révolutions dans le domaine des télécommunications et des médias ont rendu les identités culturelles nationales plus floues.
 

Simultanément, les tensions interculturelles se sont accentuées, avec le risque que les communautés linguistiques se replient sur elles-mêmes. Pour preuve, les récents débats sur le statut de l’italien dans l’enseignement des langues en Suisse, l’utilisation des dialectes alémaniques dans les écoles et dans les espaces publics, les discussions liées à la présence d’une représentation italophone au sein du Conseil fédéral ou encore la question de l’asile et de l’intégration des étrangers en Suisse.
 

Toutes ces questions et ces défis doivent nous amener à réfléchir aux notions de respect et de solidarité, ainsi qu’à la valeur que notre société compte leur donner. La Suisse est considérée comme un modèle d’État multilingue et multiculturel, tolérant et ouvert au débat avec l’autre. La Suisse a beaucoup à transmettre en matière de dialogue interculturel, mais également beaucoup à apprendre des expériences de vie de femmes et d’hommes provenant des autres régions du monde. Engager le dialogue avec ce qui est différent est un défi constant, c’est également une immense source d’enrichissement, qui conduit précisément à faire de la Suisse ce qu’elle est.

Les tendances actuelles ne nous facilitent pas la tâche. L’anglais occupe une place toujours plus importante, en Suisse et dans le monde. Les dialectes alémaniques sont souvent perçus comme facteur d’exclusion et accusés d’entraver la compréhension entre « latins » et « alémaniques ». Johann Wolfgang von Goethe le disait bien : « Les hommes déprécient ce qu’ils ne peuvent comprendre ». C’est pourquoi le dialogue interculturel doit être encouragé, aujourd’hui plus que jamais. Il contribue à prévenir les clivages religieux, ethniques, linguistiques et culturels. Il permet d’avancer ensemble et de mieux cerner les différentes identités qui caractérisent le peuple suisse. Il permet d’engager le dialogue de manière constructive et démocratique, dans un esprit de tolérance et de respect de l’autre, pour garantir dans notre pays le maintien de la cohésion sociale et les bases qui fondent notre système démocratique. »
 

Alain Berset, Conseiller fédéral et Ministre de la Culture

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Statistiques OFS 2010 : Allemand 4’276’097 locuteurs | Français 1’457’311 | Italien 548’903 | Anglais 292’094 | Portugais 200’336 | Albanais 164’844 | Serbe/croate 160’731 | Espagnol 136’692 | Turc 75’300 | Romanche 36’472 | Arabe 28’993 | Tamoul 22’207 | Russe 21’878 | Langues africaines 14’608 | Polonais 4’577 | Thaï 13’738 | Néerlandais 12’639 | Hongrois 12’603 | Kurde 11’180 | Tchèque 10’979 | Chinois 10’506 | 10’223 | Macédonien 10’223 | Suédois 8’203 | Grec 8’097 | Roumain 7’754
 

Présentations :  Palais fédéral, Berne, 2016 ; Université de Fribourg, Fribourg ; 2017, Museo Vincenzo Vela, Ligornetto, 2018 ; Médiathèque du Valais, Sion, 2019 ; Kantonsschule, Coire, 2019.

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Avec le soutien de : Forum du bilinguisme, Bienne ; État de Fribourg ; Pro Helvetia Fondation suisse pour la culture.
 

 

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